L’Art brut
L’art brut? Je ne connaissais pas. Le concept me plait, œuvres d’art réalisées par des non spécialistes, ayant parfois des problèmes de communication ou des problèmes tout court, venant de tous les horizons et même d’hôpitaux psychiatriques. En dehors de l’art-argent, juste pour le plaisir ou s’épanouir.
J’ai découvert l’art brut en visitant le musée de la création franche à Bègles lors de Notre sortie mensuelle de mai avec l’UTLB.
Les textes viennent des descriptions de chaque œuvre (merci à l’OCR en ligne) et parfois d’Internet, Wikipedia étant ma source privilégiée.
Ceci n’est qu’une toute petite sélection, une visite du musée s’impose, et l’entrée est gratuite. Dépêchez vous, les expositions temporaires changent tous les 3 mois et les permanentes tous les 6 mois.
Jean-François MAURICE (1947 / 2014) (les jardiniers de la mémoire, dégradé)
Né en 1941, Jean-François Maurice rêve très tôt de devenir artiste-peintre, sans doute par identification à son grand oncle Maurice Ferdinand Perrot. Après une vie tris mouvementée, il va s’établir à Cahors, dans le Lot, où à la suite d’un changement professionnel, il commence a créer.
Ses ex-vino sous le signe du bouchon de liège, evoquent les ex-voto baroques mais avec des formes beaucoup plus équivoques il pratique également la gravure sur des supports très légers. Naissent alors des séries d’empreintes, imprégnations et autres monotypes.
Parallèlement, il rencontre des créateurs singuliers et commence alors d’engranger une impressionnante documentation sur cette forme d’art.
Jean-Francois Maurice résidait à Belaye dans le Lot ou il exerçait le métier de professeur de philosophie. Il éditait également le fanzine « Gazogène » dédie a l’art brut, singulier , outsider et aux expressions marginales ou bizarres ainsi qu’à des écrits inclassables tels que ceux des « fous littéraires » et de « la littérature prolétarienne ».
Bernard LACHANIETTE (France) (êtres sur pattes, sur roues et sur jambes)
Bernard Lachaniette est né en 1949. Petit-fils de maréchal-ferrant de l’Allier, fils de porcelainiers limougeauds, il a commence par de petites pieces, toiles et sculptures en porcelaine qui ont occupé son enfance. Ses premieres peintures datent des années 1960. Bernard Lachaniette est tour à tour photographe, scénariste, peintre, sculpteur, émailleur, graveur et céramiste. À mi-chemin entre l’art brut et l’art culturel, son univers mêle rêveries et graphisme épuré. Bernard Lachaniette réside à Brive-la-Gaillarde.
André Robillard (le pistolet)
Fils d’un garde forestier de la forêt d’Orléans, André Robillard naît au lieu-dit La Maltournée près de Gien. Il rencontre très jeune des difficultés scolaires et est placé dès l’âge de sept ans à l’école annexe de l’hôpital psychiatrique de Fleury-les-Aubrais. Destiné à devenir commis de ferme, il est fugueur et colérique et est interné dans ce même hôpital à l’âge de 19 ans. Après plusieurs remises en liberté sans lendemain, il est recruté en 1964, à l’âge de 33 ans, comme auxiliaire pour s’occuper de jardinage, de blanchisserie et de la station d’épuration de l’hôpital. De malade, il devient ainsi ouvrier sans pour autant quitter le centre. C’est cette même année qu’il fabrique son premier fusil avec des objets de récupération (boîtes de conserve, ampoules usagées, pièces de bois récupérées, tissu…), « pour tuer la misère », dit-il. Peu après, son psychiatre, le docteur Paul Renard, en envoie quelques-uns à Jean Dubuffet qui constitue alors sa collection d’art brut ; les deux hommes se rencontrent à plusieurs reprises.
Rosemarie Koczÿ (les prisonniers des camps de concentration au stylo bille bleu)
Née en mars 1939 en Allemagne, Rosemarie Koczy est d’origine juive. Alors que la Seconde Guerre Mondiale fait rage en Europe, elle sera déportée avec sa mère et sa sœur cadette en 1942. Elles seront toutes trois emmenées dans des wagons à bestiaux à Trauenstein, un sous-camp de Dachau.
Rosemarie a vécu l’horreur, la famine et l’éloignement de sa mère. Elle sera plus tard déportée dans le camp de Ottenhausen – Saarbrücken où il était préférable de vivre au jour le jour car il n’y avait aucun moyen d’échapper à la tristesse et au désarroi qui s’apparentent à ces lieux. Sauvée de l’enfer grâce à la venue des Américains, nous pouvons dire que Rosemarie Koczy est une miraculée mais le souvenir de la cruauté reste malgré tout ancré dans ses pensées.
L’artiste dit elle-même qu’elle a connu le chaos, et que son art lui permet de se défaire d’un lourd fardeau. Fred Licht s’exprime sur le travail de Rosemarie Koczy en insistant sur le fait qu’elle dessine avec un sens moral par une écriture rapide qui lui permet de réaliser une dizaine de silhouettes par jour. Un rythme se crée dans ses dessins qui sont la représentation d’un linceul à déposer sur chaque victime des camps. Rosemarie Koczy leur rend hommage grâce à ses œuvres. Elle a besoin de créer afin de survivre aux épreuves qu’elle a subies, ses dessins sont instinctifs, il n’y a pas de réelles réflexions, ce qui la place dans le milieu des artistes outsiders. Sa création est complète tout en étant très libre, Rosemarie Koczy ne se restreint pas à un certain médium, elle passe de la peinture aux pastels, à la tapisserie mais aussi par la sculpture afin de faire passer un message moral à son public et de délivrer son témoignage sur ce qui s’est passé dans les camps.
Elle nous livre son histoire grâce à une œuvre spontanée et expressive qui permet de redonner vie aux victimes de la Seconde Guerre Mondiale.
Remigio Rosani (scène de sexe)
Élevé dès l’âge de cinq par ses tantes, en Italie puis en Belgique, Remigio Rosani intègre l’institution Le Roseau Vert, à Marchipont (Belgique) au décès de sa mère en 1975. Il participe d’abord à l’atelier jardinage, pratique l’équitation et ne se met au dessin qu’à la quarantaine au sein de l’atelier art plastique.
Ses thèmes de prédilections sont le corps, l’amour, l’amitié, l’affection en ouvrant une large place à la sexualité. Ses dessins aux couleurs vives, exécutés au pastel à l’huile, mettent en scène des personnages nus cernés de noir qui envahissent tout l’espace de la feuille. La nudité est, comme une évidence, sans inhibition.
Doux et discret, ouvert aux voyages et aux rencontres, Remigio Rosani met en images des scènes intimes et personnelles. Il célèbre ainsi une certaine joie de vivre tout en évoquant parfois les états d’âme plus sombres, ce dont témoignent les titres donnés à certains dessins comme : « Chagrin d’amour », « La folie », « Les méchantes ».
Remigio Rosani réside à Marchipont.
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Entretien de Jeanine Rivais avec Rosemarie Koczÿ
Témoin de l’Holocauste, vécu de 1942 à 1945.
http://jeaninerivais.fr/PAGES/koczy.htm