Les arbres abattus, simplement ébranchés et laissés avec leurs écorces, deviennent des grumes. À cette époque les grumes étaient parfois flottées sur l’eau pour être transportées.
La grume s’était échouée sur la plage, déposée là par les caprices des marées et des courants marins.
Pour les habitants elle représentait une opportunité précieuse. Très vite, la nouvelle se répandit, et les artisans les plus habiles se rassemblèrent autour du tronc d’arbre, prêts à lui insuffler une nouvelle vie.
Le premier jour, ils inspectèrent la grume. Ils vérifièrent sa qualité, sa solidité, et décidèrent qu’elle ferait une excellente pirogue.
Le lendemain, les artisans commencèrent leur travail. À l’aide de haches et de machettes, ils écorcèrent la grume, révélant son cœur lisse et dense. Ils travaillèrent avec précision, sculptant la forme de la pirogue, guidés par l’expérience et le savoir transmis de génération en génération. Chaque coup de hache était mesuré, chaque éclat de bois soigneusement enlevé.
Peu à peu, la grume se transforma. Ses lignes devinrent plus fluides, sa coque plus définie.
Les artisans, utilisant des outils traditionnels, creusèrent l’intérieur de la pirogue, en faisant attention à maintenir un équilibre parfait entre la profondeur et la résistance de la coque.
Ce travail minutieux nécessitait des jours, parfois des semaines, mais personne ne se pressait.
Les jours suivants, dans la pirogue terminée, sur la lagune Ébrié en Côte d’Ivoire, un pêcheur solitaire glissait silencieusement. La brume matinale enveloppait l’eau d’un voile mystérieux. Le pêcheur connaissait chaque recoin de cette lagune. Avec des gestes précis, il lançait son filet, espérant une prise généreuse. Mais ce matin-là, l’eau était très calme.